La sophrologie, cette approche thérapeutique qui sauve l’esprit avec soizick Fonteneau
- Par Barbara Azaïs
Utilisée dans le traitement de la dépression, du burn out, la gestion du stress, le sevrage tabagique ou encore les troubles du sommeil, la sophrologie est une technique de relaxation personnalisée très en vogue. On a testé une séance, on vous dit tout.
Dans leur rapport “sur la détermination, la mesure et le suivi des risques psychosociaux au travail”, remis en 2008 à l’ancien ministre de la Santé Xavier Bertrand, le magistrat Philippe Nasse et le psychiatre Patrick Légeron recommandent notamment la sophrologie pour aider les employés à “gérer plus efficacement les exigences et contraintes du travail en améliorant leurs stratégies d’adaptation aux sources de stress ou en renforçant leur résistance au stress en soulageant les symptômes associés au stress”.
Un voyage imaginaire loin de tout
La particularité de la sophrologie est l’adaptabilité à l’histoire personnelle, à la personnalité et aux objectifs de la personne. Au début de la séance, Soizick Fonteneau me pose des questions : métier, alimentation, situation familiale, épanouissement au travail, forme, santé, condition physique… La sophrologue cerne mes besoins puis m’invite à fermer les yeux. Assise confortablement, le dos droit, les pieds ancrés dans le sol, je me laisse porter. Après cinq minutes de respiration profonde, je porte mon attention sur chaque partie de mon corps qu’elle m’invite à relaxer. Le front, les paupières, les joues, le cou, les épaules, le dos… puis jusqu’aux orteils.
Concentrée sur sa voix, j’atterris en imaginaire dans un endroit agréable, celui de mon choix. “Avec ce corps un peu plus relâché, vous allez laisser venir à vous l’image d’un lieu que vous appréciez, un lieu dans lequel vous vous sentez tranquille et en paix, au calme, un lieu qui existe ou que vous inventez”. Pendant ce “voyage”, je ne pense à rien d’autre, je déconnecte. “Vous allez porter votre intention sur toutes les couleurs autour de vous, ce qui est beau, agréable, qui vous fait du bien”. Je vois, je touche, je ressens et pendant ce temps, j’oublie le temps qui passe, mes impératifs, mes responsabilités et tout ce qui conditionne mon quotidien.
“Il existe une centaine de techniques, qui s’adaptent à chaque profil”
La voix de Soizick Fonteneau est rassurante, son ton relaxant, ses mots positifs. C’est lorsque les personnes sont dans cet état de conscience et de lâcher prise, que la sophrologue commence le nettoyage. “Pour traiter les troubles du sommeil par exemple, j’invite la personne à visualiser une nuit réparatrice en pensant à une journée idéale qui se déroule du réveil au coucher, étape par étape, pour que l’endormissement soit un moment de calme, de bien-être, d’apaisement, non un moment d’angoisse”. Et le servage tabagique ? “On a une dizaine de techniques pour cela, tout dépend des personnes, répond-t-elle. Par exemple, on réinstalle chez elles le plaisir de respirer, en les projetant dans un moment passé sans problèmes respiratoires. Puis on définit un ‘geste signal’ pour les moments où elles seront prises d’une envie de fumer”.
Pour traiter la prise de poids, “je commence par leur faire accepter leur corps, puis les invite à découvrir la notion de dégustation, plutôt que le fait d’engloutir. On fait aussi un travail sur les sens, le goût. Je les invite à voyager à l’intérieur de leur ventre pour voir ce que les aliments y provoquent (en bien ou en mal)”. Mais tout ça se fait progressivement, au fil des séances. “Il existe une centaine de techniques, qui s’adaptent à chaque profil”.
Chez l’enfant, la sophrologue traite le plus souvent des problèmes relationnels avec les parents, ou les frères et sœurs afin qu’il retrouve sa place dans le cercle familial. Mais la sophrologie peut également soigner le stress et l’angoisse chez l’enfant, voire les traumatismes. “J’utilise des contes. Je les invite à visualiser une licorne par exemple, à la sentir, à la toucher, puis à monter dessus. Je les fait voler dans le ciel, où ils doivent souffler pour chasser les nuages et arriver dans un monde imaginaire magnifique plein de fleurs, qu’ils vont toucher, sentir, contempler”. Les détails sont importants, ils permettent à la personne de se projeter.
La relaxation dynamique
En apparence simple, lâcher prise, s’abandonner et se déconnecter de la réalité, même pour quelques minutes, peut s’avérer difficile pour certaines personnes. “Il y en a qui peinent à fermer les yeux, alors on commence les yeux ouverts. D’autres ne parviennent pas encore à se détendre complètement alors j’opte pour la relaxation dynamique”, c’est-à-dire debout, en mouvements légers. “Beaucoup ont du mal à se concentrer sur leur corps, ajoute-t-elle. Dans la sophrologie, c’est le schéma corporel qui est important, il faut aller à la conquête du corps pour aller à celle de son esprit. On le visualise, on le touche, ce n’est pas forcément facile au départ. La visualisation n’est pas non plus très simple, alors on y va progressivement”.
Il n’y a pas de jugement, la sophrologie respecte les souffrances et les blocages de chacun. “On n’est pas dans l’analyse”. A la différence de la psychologie qui invite les patients à se focaliser sur leurs problèmes et à en parler, la sophrologie axe sur les solutions, sur le côté positif. Comme pour détourner l’attention de la personne de son problème, elle lui présente une nouvelle perception. “Chez l’enfant, le lâcher prise est plus facile parce qu’il n’a pas encore de conditionnements mentaux”. Certains ados sont plus pudiques, intimidés, mais finissent par jouer le jeu pour se débarrasser de leurs angoisses, “souvent liées à leur avenir”. Cependant, la sophrologie ne peut remplacer les traitements médicaux actuels, uniquement les accompagner. Le préciser est essentiel.